Selon le Conseil supérieur de l’éducation, à titre de bien public, « la gestion et la responsabilité [de l’éducation publique] incombent à tous les membres de la société et plus particulièrement à la population locale» (CSE, 2006, p.8). Pour cette raison, l’élection des commissaires scolaires au suffrage universel a lieu, dans sa forme actuelle, depuis le début des années 1970. C’est ce qu’on appelle la démocratie scolaire.
Cette démocratie permet de s’assurer que les décisions importantes concernant l’éducation publique soient prises par les parents et les contribuables, par l’entremise de leurs représentants élus (les commissaires). C’est rassurant de savoir que c’est une personne connaissant les enjeux et particularités de la région, choisie par des électeurs et à laquelle on a facilement accès, qui prend des décisions cruciales en matière d’éducation.
N’oublions pas la place de plus en plus importante accordée aux parents dans le processus démocratique. La moitié des membres des conseils d’établissement sont des parents et leur président doit obligatoirement être un parent. Les comités de parents, formés de représentants de chacune des écoles de la commission scolaire ont un pouvoir d’influence indéniable, sans compter les commissaires-parents, nommés par les comités de parents, qui ont les mêmes droits et privilèges que les commissaires, sauf le droit de vote. De plus, de nombreux commissaires ont d’abord siégé à un conseil d’établissement ou au comité de parents avant de faire le saut en politique. Dans ce contexte, puisque les parents sont déjà partie prenante en éducation, pourquoi vouloir imposer une forme de gouvernance qui ne donnera rien de plus aux parents?
Dans plusieurs pays du monde, des gens sont prêts à tout pour obtenir une démocratie. Or, le gouvernement du Québec s’apprête à abolir la démocratie scolaire afin d’enlever le pouvoir régional et de s’en approprier. Comment peut-on expliquer le choix du gouvernement actuel?
Au fil des ans, la population québécoise s’est dotée d’un pouvoir démocratique qui a placé l’éducation québécoise parmi les meilleures au monde. Peut-on balayer du revers de la main les efforts de milliers de personnes qui travaillent d’arrache-pied pour s’assurer que l’élève soit TOUJOURS au centre de toutes les décisions? Les commissaires élus ont des comptes à rendre à la population qui les a élus et qui a le pouvoir de les déloger. Une nouvelle gouvernance formée de non élus rendra ses comptes à qui? Il est évident, dans ce contexte, que les décisions administratives et budgétaires auront toujours la priorité et l’élève ne sera plus au centre de toutes les décisions.
Le gouvernement doit faire preuve de respect et cesser de s’attaquer à l’un des piliers de la société: l’éducation publique. En période d’austérité ou non, l’éducation, tout comme la santé, ne doit pas être traitée comme une dépense, mais bien comme un investissement pour la survie même de notre société.
Johanne Légaré, présidente
Commission scolaire des Portages-de-l’Outaouais